Ma rue a une histoire
#3 route du pont de la tourne
Bien avant de devenir le nom d’une voie, ce terme désigne le pont qui enjambe le Risse à cet endroit.
Après des siècles de difficultés pour traverser le Risse, rivière tumultueuse, et des projets de voirie maintes fois mis au placard, c’est en 1908 qu’un pont en pierre se jetant sur le lit de ce cours d’eau est inauguré. Il remplace un pont situé en contrebas, le pont de Piccot. Ce hameau de Piccot est l’ancien centre économique du village d’Onnion. Au Moyen Âge, on traverse déjà la rivière à cet endroit avec un pont de bois qui est continuellement à reconstruire du fait de la fonte des neiges et des imposant orages d’été. On y trouve encore une scierie et un moulin au début du XXe siècle.
Et c’est ce même lieu, Piccot qui est à l’origine du nom de la Tourne. En effet, les moulins de Piccot étaient alimentés par un bief, dit bévire en patois, qui prenait sa source au niveau du barrage construit sous l’actuel pont de la Tourne. La Tourne, c’est l’endroit où l’on fait littéralement « tourner l’eau » pour alimenter moulin et scierie, l’eau tourne, dévie vers le canal à la sortie du barrage.
Ce barrage est emporté en 1915, est-il reconstruit ? pas sûr, car l’on sait que le moulin est en ruine dans les années 20-25 et la scierie brûle un soir de décembre 1927.
Si vous ouvrez l’œil, vous pourrez découvrir sous le pont de la Tourne, les entailles servant d’assises aux poutres de bois du barrage, mais aussi la « Tourne » creusée à même le rocher.
Sources : Archives municipales
Tout est histoire de toponymie
En 2023, PAYSALP est missionné par la CC4R pour réaliser un inventaire du patrimoine bâti du IXe au XVIIe siècle et du petit patrimoine (four, lavoir, greniers, croix, oratoire, etc.) du IXe au XIXe siècle sur le territoire des 4 rivières.
Ce patrimoine, très riche, est encore bien présent comme en témoignent les traces matérielles (bâti, vestiges) et immatérielles (sources orales, toponymie).
En parlant de toponymie justement, saviez-vous que ce mot prend ses racines du grec ancien : tópos « lieu » et ónoma « nom » et désigne la discipline qui étudie les toponymes ou noms de lieux (leur ancienneté, leur signification, leur étymologie, leur évolution, leur relation avec la langue actuelle ou avec des langues disparues).
« La toponymie est partout ; tout ce qui existe mérite et même nécessite d’être nommé »[1]. On retrouve les noms de lieux sur les cartes géographiques, les panneaux de localisation, les noms de rues. Ils peuvent être de toute nature : village, montagne, fleuve… La toponymie fait partie des indices laissés par les sociétés, généralement passées, sur les territoires. Elle résume l’histoire humaine d’une région. Il s’agit d’un outil indispensable d’identification, de localisation et par l’information qu’ils recèlent, une mémoire collective qu’il faut préserver et valoriser.
Adresse et adressage
Aujourd’hui, toutes les communes de la CC4R possèdent des numéros et des noms de rue, de route, de chemin ou encore d’impasse, il s’agit de l’adressage. C’est grâce à cela que nous pouvons nous repérer.
L’adressage des communes est organisé par les mairies. Il est très important que toutes les rues soient nommées et les bâtiments numérotés. Cela permet aux usagers de se localiser facilement. Pour être conforme, une commune doit respecter plusieurs réglementations. Les normes qui encadrent la mise en place de l’adressage sont en constantes évolutions.
L’adressage des communes est important pour plusieurs raisons :
- Fluidifier la circulation
- Faciliter l’intervention pour les secours
- Permettre aux usagers de se repérer plus facilement
- Faciliter le recensement et l’élaboration des listes électorales
Ne soyez donc pas étonnés de retrouver un numéro sur un chalet d’alpage inoccupé. Celui-ci n’est pas destiné au livreur de chez Chronopost, il permettra aux secours d’obtenir une localisation précise.
Avant février 2022, l’adressage pour les communes de moins de 2000 habitants était fortement conseillé, mais pas obligatoire. Il l’était en revanche pour les communes de plus de 2000 habitants. Cependant, la loi 3DS, promulguée en février 2022, oblige maintenant toutes les communes, peu importe le nombre d’habitants, à effectuer l’adressage de leurs rues. Elles doivent rendre des comptes aux centres des impôts lorsqu’il est question d’adressage des rues.
Mais comment les noms de rues sont-ils choisis ? Personnages ou faits historiques, indications géographiques, activités humaines : les noms des rues, places et autres lieux publics devant lesquels vous passez tous les jours sont divers et variés. Pourtant
rien n’est laissé au hasard : un travail de consultation et de concertation est réalisé en amont pour choisir ce qui relève de l’odonymie, l’étude des noms désignant tout type de voies de communication. Ce sont le Maire et le Conseil municipal qui ont le pouvoir de choisir
les noms des rues (cette liberté de choix est néanmoins encadrée par des usages bien établis) mais tous les habitants peuvent faire des propositions. En ce qui concerne les voies privées, c’est au(x) propriétaire(s) de proposer un nom, qui peut toutefois être interdit par le conseil municipal s’il est contraire à l’ordre public ou aux bonnes mœurs.
À travers cette rubrique “Ma rue a une histoire” nous vous invitons à lever les yeux sur les panneaux qui bordent nos chemins afin de découvrir l’histoire qui se cache derrière le nom des rues des communes de la CC4R.
Que la promenade commence…