Objet du mois : Horloge comtoise

Objet du mois :
Les Horloges comtoises

Tic, toc, tic, toc l’horloge du Pèle, telle la respiration d’un homme « souffle les secondes », sur le fronton de cette Comtoise, nous pouvons lire, « Hora Fugit », « le temps passe ».
Le ton est donné et le décor est posé, de sa hauteur, elle trône au-dessus de tous et nous rappelle que la vie s’écoule lentement jusqu’à notre propre fin. Il était d’ailleurs de coutume d’arrêter celle-ci au moment du décès. Elle était indispensable au quotidien de la famille et rythmait, avec l’angélus, les journées. Les cloches de l’église, quant à elles annonçaient inlassablement les événements baptêmes, mariages et décès avec le glas « les béteur », les guerres au son du tocsin.
Souvent qualifiées de « Comtoises », elles sont principalement produites en Franche-Comté avec un âge d’or entre 1820 et 1890.
Au Musée PAYSAN, on retrouve 2 horloges exposées, de période différente.

L'horloge du pèle

La première, celle du Pèle possède un mécanisme avec un couronnement (fronton) décoré, obtenu par estampage. Cette technique consiste à presser une feuille de laiton pour lui donner la forme souhaitée, comme ici, avec la représentation du soleil et des épis de blé. Ce mouvement est antérieur à 1840, car avant cette date, 2 plaques de laiton sont nécessaires pour former le couronnement.
Le balancier est dit en forme de lentilles avec une tige articulée, celle-ci permettait au colporteur horloger de faciliter le transport, du Jura jusqu’à nos contrées. La caisse en bois ou gaine est très souvent réalisée par le menuisier du coin.

Comtoise
Comtoise café
L'horloge du café

La seconde se situe dans l’espace café, au premier étage, celle-ci est beaucoup plus ancienne et dite  2ème génération entre
1750 et 1830, mais les fleurs de lys laissent à penser qu’elle est antérieure à la Révolution. Elle proviendrait d’un château, d’où sa grande hauteur, son fronton représente le coq et les fleurs de lys, ce mouvement est un rescapé de la période révolutionnaire, il était en effet courant à cette époque de limer les fleurs de lys du fronton pour faire disparaître les symboles monarchiques, le premier brumaire An II, la convention interdit les signes de la royauté. Ce mécanisme a un fronton en laiton coulé et un cadran émaillé, celui-ci nous renseigne sur le fait que ce mouvement est postérieur à 1770 où la technique de l’émaillage est maitrisée mais antérieur à la révolution.
Les premiers mouvements avaient le cadran entièrement en laiton et ne possédaient qu’une aiguille, celle des heures.

La signature

Il est fréquent que les modèles plus récents portent le nom d’une personne sur le cadran, voir également un nom de lieu, il faut alors faire attention à l’interprétation de ce qui est écrit. Le nom peut-être soit celui du fabricant et du lieu de fabrication et il s’agit probablement dans ce cas d’un lieu en Franche-Comté, il peut aussi s’agir du nom du revendeur local et du lieu de vente ou beaucoup plus rarement, le nom du propriétaire du mouvement.  
Les familles aisées pouvaient quant à elles acheter le mécanisme à part ou l’ensemble, mécanisme plus cabinet, comme sur ce catalogue de « Crétin fils » à Morbier de 1899-1905