Objet du mois : la Locomotive du tramway du Mont-Blanc

oBjet du mois : la locomotive du tramway du mont-blanc

N° 2 Horace-Bénédict de Saussure
Objet unique dans une collection privée, la locomotive n°2 du tramway du Mont-Blanc (TMB) a été acquise par Georges Hermann en 1970. En tant que passionné de trains, Georges Hermann souhaitait en acquérir un. Mais la SNCF n’accordait alors l’exclusivité de ses locomotives qu’aux ferrailleurs. C’est par défaut qu’il se tourna donc vers les locomotives de réseaux secondaires. Ainsi, avec l’appui de Louis Armand, il acheta en 1970 l’une des trois dernières locomotives du TMB, prêtes à être ferraillées. Georges Hermann venait de sauver H.B. de Saussure d’un avenir fort incertain, soixante-trois ans après sa construction. La collection Hermann fut donnée au département de la Haute-Savoie en 2003 et Paysalp en assure la conservation et sa valorisation.
La compagnie du Tramway du Mont-Blanc

Cette locomotive est un symbole du développement du tourisme et de l’aménagement de la montagne, aujourd’hui il reste trois locomotives vapeurs sur les six mises en service sur la ligne, les trois locomotives électriques qui les remplacèrent ainsi que divers matériels roulants. Ce matériel roulant du tramway du Mont-Blanc est pour la majorité propriété du département de la Haute-Savoie. C’est un riche patrimoine ferroviaire qui est ainsi conservé et témoigne de la conquête de la montagne. 

Le 5 novembre 1906, la compagnie du tramway du Mont-Blanc commanda deux locomotives à la société suisse Schweizerische Lokomotiv – und Maschinenfabrik (SLM), spécialisée dans la construction de machines à vapeur et électriques à crémaillère, établie depuis 1871 à Winterthür. Pour un prix unitaire de 35 000 francs, les deux locomotives furent livrées en novembre 1907 sous les numéros TMB n° 1 et 2 et SLM n° 1838 et 1839. La première porta le nom de Jacques Balmat – 8 août 1786, en l’honneur du guide de Chamonix qui réalisa la première ascension du mont-Blanc. La seconde fut baptisée Horace Bénédict de Saussure – 2 août 1787. De Saussure était un professeur genevois, botaniste et minéralogiste qui promit en 1760 une récompense à celui qui gravirait le premier le mont-Blanc. Le 2 août 1787, il participa à la seconde ascension en compagnie de Jacques Balmat. Les machines n°1 et 2 furent employées à la construction de la première section de ligne et permirent son ouverture à l’exploitation jusqu’au Col de Voza au printemps 1909.

Les caractéristiques techniques

Horace Bénédict de Saussure, comme les autres machines, était une locomotive-tender à disposition d’essieux 020T. C’est-à-dire qu’elle n’effectuait aucune traction mais poussait le wagon (comprenant 55 personnes au maximum) se trouvant devant-elle. Sa chaudière était inclinée de 10% par rapport à l’axe longitudinal, de manière à obtenir de l’eau à un niveau suffisant dans la pente. La locomotive, à vapeur saturée, était munie d’un faisceau de 156 tubes à fumée ordinaires. La machine – d’un poids de 14 tonnes à vide, 17 tonnes avec l’eau et le charbon – développait une puissance de 180 chevaux et un effort de traction de 8 500 Kg en effectuant un déplacement à une vitesse moyenne de 7 ou 8 Km/h. La cabine de conduite, dont le pavillon supportait un sifflet à vapeur, était percée à l’avant de deux hublots de forme ovale et à l’arrière d’une large baie qui pouvait être fermée par bâche en cas d’intempéries.

Le voyage d'Horace Bénédict de Saussure

Le 25 juillet 1909, jour de l’inauguration de la ligne, une locomotive parcourut en une heure et dix minutes les quelques kilomètres reliant le Fayet au col de Voza. A 11h20, elle quittait le Fayet en transportant pour la première fois des passagers (des officiels invités à l’événement), au son de la fanfare de Saint-Gervais qui interpréta La Marseillaise et Les Allobroges. S’agissait-il de H.B. de Saussure ? Aucune source historique à ce jour nous permet de répondre à cette question.

La ligne Le Fayet – Col de Voza fut ouverte au public le mercredi 28 juillet 1909, avec deux voyages quotidiens partant à 8h et à 11h. La première saison du Tramway du mont-Blanc prit fin le 19 septembre 1909.  Un billet pour prendre place à bord de H.B. de Saussure revenait à 10,95 francs pour l’aller, 7,25 francs pour le retour ou à 16,35 francs pour l’aller-retour. L’embarquement de bagages était autorisé. La compagnie mettait à disposition des voyageurs six voitures. A ces véhicules étaient ajoutés 4 wagons de marchandise.

Le tout dernier voyage par machine à vapeur sur le tracé fut effectué le 24 mars 1955. Ensuite la ligne fut fermée le temps de son électrification. Trois automotrices électriques furent construites, Jeanne, Marie et Anne, elles effectuèrent leur première ascension jusqu’au Nid d’aigle à 2372m d’altitude en 1957 et leur dernière en 2021.  De nouvelles locomotives emmèneront dès cet été (2022) les voyageurs au terminus de la ligne du TMB.

Retrouvez toutes les informations sur le Musée PAYSAN pour découvrir la maquette du train et la locomotive.

Le saviez-vous ?

Au Musée PAYSAN vous pouvez découvrir deux locomotives :
La maquette du Chemin de fer Économique du Nord de l’ancienne ligne ferroviaire qui desservait Sixt-Fer-à-Cheval depuis Annemasse.
La locomotive-tender à vapeur n°2 Horace-Bénédict de Saussure du Tramway du Mont-Blanc, exposée à l’extérieur du musée.

Note :

1 – Né le 26 juin 1923 à La Roche-sur-Foron, Georges Hermann était aide-chimiste à Ugine, puis ingénieur de l’usine des Coussinets d’Annecy. Au cours de sa carrière, il déposa une trentaine de brevets. Passionné d’art et défenseur de la culture populaire, il consacrait son temps libre à la peinture. En 1960, il trouva la maison de campagne à Evires qu’il venait d’acheter quelques vieux outils qu’il décida de conserver. Curieux de l’héritage industriel que ces outils transmettaient, il en regroupa un millier en une dizaine d’années. En agrandissant sa collection, l’idée de fonder un musée de l’Outil lui vint progressivement à l’esprit.