Objet du mois : les collections se mettent à chanter

Objet du mois : les collections se mettent à chanter

Le 21 juin est la date choisie il y a 40 ans (1982) par Jack Lang alors ministre de la Culture et son équipe pour permettre à tous les musiciens de s’exprimer lors d’une grande fête populaire. La musique a toujours fait partie de l’homme. Dès la préhistoire ce dernier fabriquait dans des os ou des morceaux de bois des instruments rudimentaires. Les instruments ont ensuite évolué avec le temps. La collection des Amis de l’Histoire conserve en son sein quelques instruments de musique dont un rare accordéon utilisé par les colporteurs.

L’émigration savoyarde est souvent associée à des images d’Epinal telles  que le ramoneur ou les « petits savoyards », montreur de marmotte, musicien ambulant ou encore montreur de lanterne magique. Cette émigration miséreuse existe dès le 16è siècle mais elle ne représente qu’une faible part des migrations annuelle. Toutefois c’est celle-ci qui est restée dans les mémoires car véhiculée par le courant romantique dans la littérature mais aussi dans l’iconographie. Ce petit métier était toujours pratiqué par des garçons souvent sous la coupe d’un maître, les plus jeunes avaient sept ans. Avec les lois sociales de 1874 puis celle de Jules Ferry (1881) ce type d’émigration a fortement ralenti.

L’objet du mois est un accordéon de colporteur.

L’accordéon en quelques notes

C’est un instrument à anche libre, c’est à dire un instrument à vent utilisant une (ou des) anche(s) se déplaçant librement.

Son invention est attribuée à Cyrill Demian, un facteur de piano et orgues à Vienne, en Autriche, en 1829. À l’époque, le tout premier accordéon n’a que 5 touches, qui produisent des sons différents suivant que l’on tire ou pousse. La main gauche, elle, ne joue pas mais est simplement dédiée à la gestion du soufflet.

En 1841, Louis Léon Douce dépose un brevet pour un « accordéon harmonieux » ; avec ce dernier, un bouton permet désormais de jouer la même note en tirant ou en poussant, le désignant comme le réel ancêtre de nos accordéons chromatiques.

Conçu par Philippe-Joseph Bouton, le premier accordéon à clavier piano apparaît lui en 1852. Il connaîtra une forte popularité entre les années 1900 et 1930, aux États-Unis.

La production industrielle d’accordéons commence réellement en 1863, avec la création du « fisarmonica » (accordéon, en italien) par Paolo Soprani, en Italie à Castelfidardo (encore aujourd’hui haut lieu de l’accordéon).

Les accordéons tels qu’on les utilise encore aujourd’hui apparaissent à la fin du XIXe siècle, à force d’évolutions techniques ; aujourd’hui encore, l’accordéon continue à se moderniser.

Un instrument populaire et à la mode

L’accordéon connaît son heure de gloire dans la culture française, avec l’apogée du « musette » ; dans le Paris des années 1900 à 1950, il est l’instrument roi. La musette trouve en réalité son origine dans un instrument de musique traditionnel, notamment utilisé en Auvergne. à la fin du XIXe siècle, bon nombre d’auvergnats montent à la capitale et croisent des immigrés italiens, qui eux ramènent l’accordéon dans leurs valises. Les premiers bals se créent, et petit à petit le « style » musette se définit, jusqu’à atteindre la forme qu’on lui connaît aujourd’hui à la fin de la Première Guerre Mondiale. C’est là en effet qu’on voit apparaître de nouvelles danses : la valse musette, le foxtrot, la java, le paso-doble

À partir des années 30, certains accordéonistes dérivent du musette en y ajoutant une touche de swing. L’accordéon s’invite alors, entre autres, dans le jazz manouche.

Le piano à bretelles se développe enfin dans les musiques traditionnelles, notamment en Écosse, en Irlande et en Europe de l’Est.

Aujourd’hui, l’accordéon est un instrument complet et varié, capable de jouer tout style de musique.

Au début du 19è siècle, époque de notre accordéon, en Faucigny, quatre communes possèdent leur harmonie : Sallanches, Cluses, Bonneville et La Roche. En 1836, à l’initiative de François Curt, professeur de musique à Cluses est fondée une fête annuelle nommée « Fête de la réunion des Musiques du Faucigny ». Cette manifestation est aujourd’hui connue sous le nom de « Festival des musiques du Faucigny » et regroupe toutes les harmonies des différentes communes de la province historique du Faucigny. Ce festival aura lieu à Taninges cette année le 26 juin, ce sera le 184ème, il n’y a pas eu de festival en 2020 et 2021. Chaque année une nouvelle commune est désignée comme hôte et organisatrice de ce festival.

  • La Cécilienne, harmonie de Viuz-en-Sallaz fut crée en 1903 par l’abbé Bunaz qui achète une quinzaine d’instruments et en fait don à quelques musiciens. Leur premier concert à lieu le jour de Noël de cette même année. Le nom de la fanfare vient de Ste Cécile qui est la patronne des musiciens.
  • La Fanfare de St Jeoire serait née en 1841 mais aucune trace n’a été trouvée dans les archives. Toutefois en 1863, l’harmonie existe et c’est la commune de St Jeoire qui accueille la fête annuelle des Musiques du Faucigny.

Fiche objet

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Sources :

  • Source :

    Encyclopédie Universalis

    Exposition au départ des montagnes, petite histoire de l’émigration savoyarde du 17è au 19è siècle ; juillet septembre 2019, Musée d’Art Sacré de St Nicolas de Véroce.

    Musique en Faucigny, 164 ans de passion, Gérald RICHARD, 2000.