Zoom archéo : La toponymie

Zoom Archéo : la toponymie

Les noms de lieux, une origine qui en dit long

Lors des fouilles archéologiques ou de détermination des lieux qui pourraient éventuellement receler des vestiges archéologiques, les noms de lieux ou toponymes sont un indice utilisé par les archéologues pour identifier les anciens villages ou anciennes activités qui auraient pu se trouver sur un territoire et ainsi mener des recherches.

Mais qu’est-ce que la toponymie ?

Les toponymes sont la trace des langues utilisées par les différentes populations qui se sont succédées dans une aire géographique. Ils sont liés aux activités ou aux représentations de ces populations. L’étude des toponymes, noms de lieux permet de mieux comprendre l’homme avec et dans son environnement mais aussi de préciser le rapport qu’il entretient avec celui-ci.

L’étude des noms propres s’appelle l’onomastique, du grec onoma = le nom, à l’intérieur de celle-ci on distingue :

  • l’étude des noms humains = l’anthroponymie,
  • l’étude des noms de lieux = la toponymie.

Une vie en société pour un groupe humain nécessite de nommer les choses qu’il s’agisse de se repérer dans l’espace, de l’usage d’un endroit, etc.  L’homme a besoin de nommer les êtres et les choses pour les différencier, c’est la fonction des toponymes.

La toponymie est donc un objet de recherche, elle consiste à répertorier les noms par catégorie, à en chercher l’étymologie, à rechercher leur sens originel et retracer l’évolution des noms dans le temps. Toutefois cette étude n’est pas une science exacte et toutes les conclusions sont à avancer avec prudence, il s’agit plus de formuler des hypothèses et de rechercher de nouveaux indices pour corroborer celles-ci.

Des toponymes locaux

Par exemple quelques mots connus comme « Alpes » qui vient du langage préceltique et signifie pâturage de montagne. Le nom Allobroges qui signifie peuples venus d’ailleurs. De cette civilisation vient le mot « nant » qui signifie torrent et « jor » pour montagne d’où sont dérivés le nom Jorasses mais aussi Joux.

Mégevette vient de mag la hauteur et eva l’eau la rivière littéralement le torrent de la montagne.

Ensuite avec l’invasion latine de nouveaux mots apparaissent « saxum » qui signifie rocher, au mont Vouan il y a un rocher nommé Saix Saix qui vient de cette racine « saxum ».

De la même racine latine sont issus « Brennacus » / Bregny ou encore « Fulciniacus » / Faucigny vient de Fulcinius (nom de famille romain). Severata indique une villa romaine de Severus aujourd’hui Sevraz (hameau de Viuz-en-Sallaz). Vicus in Sallaz pour Viuz-en-Sallaz, Vicus signifie petite agglomération.  Le village de Pouilly serait de fondation gallo-romaine et viendrait de Pulliacus ou Pauliacus, sa carrière de tuf était probablement exploitée dès l’antiquité.

L’influence Burgondes se retrouve dans des noms tel que gouille qui signifie trou d’eau, au Vouan il y a la gouille aux morts. Ou encore le mot fayard qui désigne en Haute-Savoie le hêtre.

Au Moyen-Âge, la transcription par les scribes d’une culture et d’une langue surtout orale va bouleverser la toponymie. Ils vont procéder à une latinisation à outrance des mots et des subtilités phonétiques ont par fois été gommées. Cette déformation s’appelle la remotivation. Le même procédé a lieu lors de l’établissement du cadastre. Dans ce cas aussi il y a eu des adaptations « sauvages » pour certains mots ou noms de lieux.  

Sources :

Charles Marteaux, revue savoisienne 1894 et 1929

Pierre Broise, revue savoisienne 1928

Paul Guichonnet, le Dauphiné Libéré, 1995

Le Messager 29 mars 2012