Doté de notables capacités intellectuelles et d’un caractère affirmé, Germain Sommeiller a marqué de son empreinte l’histoire de son temps. Acteur majeur du percement du premier grand tunnel alpin, il a œuvré toute sa vie au service du progrès scientifique et social.
Ce circuit vous invite à découvrir le parcours exceptionnel d’un modeste Saint-Jeoirien, profondément attaché à ses racines, devenu un ingénieur de renom et un homme politique engagé.
Je suis né à quelques mètres d'ici
C’est à la Tour de Fer, en plein cœur de l’hiver, que j’ouvre mes yeux le 15 février 1815 à 6 heures du matin. Le nom de ce quartier fait référence à un des bastions qui protégeaient Saint-Jeoire avant le XVIème siècle.
Notre maison de famille était située au bord du ruisseau Hisson. Elle était accolée à la villa Mercier, une imposante propriété que vous pouvez longer en poursuivant votre balade le long du sentier situé devant vous.
Ne vous fiez pas aux apparences ! Ce sentier bucolique, appelé la Promenade du Chaffard, constituait à mon époque la route principale qui traversait Saint-Jeoire et reliait Genève à Samoëns.
Ma famille
Je suis le fruit de l’amour de Émilie et Pierre-Marie Sommeiller, tous deux nés à Saint-Jeoire. J’ai retrouvé l’acte de naissance de mon père. Il est écrit qu’il est né à Ambion, Saint-Jeoire ayant été renommé ainsi en 1794 durant la période révolutionnaire. Le 11 janvier 1814, mes parents reçoivent la bénédiction nuptiale. Mon père a alors 20 ans et ma mère 15 ans. Un an plus tard, au cœur de l’hiver, je pointe le bout de mon nez. Comme le veut alors l’usage, je suis baptisé le jour de ma naissance.
Ma grand-mère paternelle Étiennette était ma marraine et mon oncle, Isidore Nanterne, mon parrain. Je me souviens d’avoir arpenté avec lui “toutes nos montagnes alentours avant d’aller attaquer les Alpes“.
Mon grand-père paternel Georges était aubergiste. Mon grand-père maternel , Jean-Joseph, était quant à lui percepteur. Il recevait l’octroi à l’entrée du village, c’est-à-dire les impôts sur les marchandises.
Mon village
En 1815, Saint-Jeoire était peuplé d’environ 1500 habitants. La vie de ce village, situé au pied des massifs du Môle, des Brasses et du mont Chounaz était rythmée par le calendrier agricole et religieux. Environ un tiers de la population vivait au bourg. Les autres habitants se répartissaient dans les hameaux de Montrenaz, Pouilly, Sur-Châbles, Cormand, Chounaz et Anthon. Saint-Jeoire comptait également de nombreux artisans aux savoir-faire inestimables.
C’est dans cet environnement simple et rural que j’ai grandi avec mes sept frères et sœurs. Mes parents étaient cultivateurs et géraient l’auberge que mon grand-père paternel Georges tenait de son vivant.
Afin de subvenir à leur besoin, les familles élevaient quelques animaux et cultivaient légumes et céréales. Sur les hauteurs bien exposées, je me rappelle avoir observé des plantations de vigne mais, faute d’ensoleillement, le vin s’apparentait à de la piquette ! Le chenevier (plantation de chanvre) fournissait les textiles.
Le manque d’hygiène et de médicaments était responsable d’une forte mortalité infantile ; ma sœur Pauline ne vivra que trois mois.
Archives départementales de la Haute-Savoie, E DEPOT 2411 E 1.
Béné Georges, Regards sur le vieux Saint-Jeoire des origines à 1900 in Saint-Jeoire en Faucigny de son origine à nos jours, ville de Saint-Jeoire, 2001.
Bulletin municipal officiel de Saint-Jeoire, n°5, janvier 1952.
Constantin de Magny Claude, Peut-on oublier Germain Sommeiller ? in Le Petit Colporteur n°23, Racines en Faucigny, 2016.
Routier Jacqueline, Germain Sommeiller (1815-1871) ingénieur de la première grande percée des Alpes, in La Revue Savoisienne, 1970.