les scies

Objet du mois : Scions du bois pour la mère nicolas


Objet du mois : Les scies

scions du bois pour la mère Nicolas...

C’est à l’automne que s’effectuaient les travaux forestiers dans le calendrier des activités agricoles.

En effet, les vaches redescendues des alpages, les hommes en profitaient pour nettoyer les champs et couper le bois nécessaire pour passer l’hiver. Le bois était utilisé pour se chauffer et alimenter le feu de la cuisine mais il était également utilisé pour fabriquer des outils et ustensiles de la vie quotidienne ainsi que pour la construction des bâtiments : maisons, chalets, greniers, etc.

L’hiver, avec la sève qui redescend dans les arbres, c’est la saison privilégiée pour l’abattage. Le débardage des grumes (troncs coupés) est facilité avec le gel ou la neige qui permet de faire glisser les troncs sur le sol. Une fois abattu avec la scie dite passe partout, les grumes de bois sont écorcées puis sciées avec la scie de long. La scie de long ou scie à cadre se composait d’un cadre en bois avec une lame au milieu. Le sciage des billes de bois nécessitait deux scieurs, un sur la bille qui tirait la scie et un autre dessous poussait permettant de faire un mouvement de va et vient. Grâce à celui-ci, les scieurs débitaient une planche puis une autre. La grume de bois était placée sur un tréteau dit aussi chèvre.

Ce travail fastidieux va être remplacé par les scieries actionnées souvent par la force motrice de l’eau dite scie battante. Cette dernière, inventée à la fin du 18ème siècle, sciait aussi bien à la montée qu’à la descente.

Chaque habitant du village possédait un droit d’affouage, pratique remontant au Moyen Âge (affouer signifiant allumer en vieux français). Il avait le droit de couper du bois pour ses besoins sur une parcelle lui appartenant et parfois sur une parcelle communale. Dans les forêts de Haute-Savoie deux espèces sylvicoles dominent traditionnellement : l’épicéa et le fayard (hêtre).

les scieurs de long

C’était un travail saisonnier souvent nomade pratiqué pendant la saison d’automne et d’hiver. Leur saint patron est saint Simon le Zélote, l’un des douze apôtres il est traditionnellement représenté avec une scie passe partout.

Des sources orales racontent qu’en Haute-Savoie, les communiers (habitants du village) quand ils souhaitaient faire couper de grandes parcelles de bois faisaient venir des scieurs de long originaires du val d’Aoste. Leur première tâche était de couper un arbre avec un tronc assez gros. Une fois l’arbre abattu, ils évidaient la souche puis allumaient un feu et préparaient une grande marmite de polenta. Cette polenta, une fois cuite, était renversée dans la souche, agrémentée de fromage. Elle était tenue au chaud grâce à la marmite qui servait de couvercle. Cette nourriture devait suffire pour nourrir les scieurs durant le temps du chantier de coupe.

Les scieurs de long débitaient de longues pièces de bois dans le sens du fil du bois pour obtenir des planches, plateaux, poutres, chevrons, voliges, traverses pour le chemin de fer, etc.
Les bois débités dépendaient de la demande du client et de la région. Le chêne, le hêtre ou l’orme étaient les plus courants. Le châtaigner, quand à lui, était utilisé pour les charpentes car il possède la propriété de faire fuir certains insectes.
Les scieurs de long travaillent au moins en équipe de deux, l’équipe type en comptait trois : le chevrier (le chef ou le singe) debout sur le tronc équarri à la hache et qui remonte la scie, le renard (ou second chevrier) qui donne des impulsions pour faciliter la descente de la scie sous son propre poids et l’équarrisseur dont le rôle était de rendre la bille de bois ronde de forme carrée pour faciliter le débitage des planches.


le Passe partout

Son utilisation est attestée dès l’époque gallo-romaine, une stèle en pierre gravée avec un motif de scieurs utilisant un passe-partout est conservée au musée de Metz. Léonard de Vinci a dessiné cette scie en 1488, cet objet apparait aussi dans des représentations du Moyen Âge. En 1876, les Américains inventent un nouveau système de lame qui rend le travail plus facile et plus efficace. C’est un système de lame alternant des dents coupeuses et des dents raboteuses et nettoyeuses qui permettaient d’évacuer les déchets. Les lames des passes partout mesurent généralement entre 1,5m et 2m. les poignées de chaque extrémité sont en bois.

 

les objets de la collection Hermann

La collection Hermann conservée par PAYSALP compte une cinquantaine de scies de tous types dont une dizaine de passe partout et cinq scies à cadre.

Sources:

Encyclopédie Diderot et d’Alembert

Les sources régionales de la Savoie, Roger DEVOS

La Savoie, Arnold VAN GENNEP

Moulin et scieries, Les cahiers du Colporteur