Zoom archéo : les églises

zoom archéo : les Églises

En cette fin d’année, et pour clore l’année thématique consacrée à l’archéologie, PAYSALP vous propose d’en apprendre davantage sur un bâtiment qui occupe une place centrale dans nos villages : l’église.

Une église peut en cacher une autre !

L’implantation des églises n’est jamais choisie au hasard. Ces édifices, construits ou reconstruits, sont souvent bâtis au-dessus d’anciens lieux de culte, soit à partir de fondations datant du Moyen Âge, voire de l’Antiquité.

À partir de 1820, de nombreux chantiers de reconstruction ou de restauration d’églises vont voir le jour en Haute-Savoie. Près de 80 églises vont être édifiées en 50 ans ! La destruction des clochers durant la Révolution et une forte augmentation de la population en sont les causes principales.

Le néo-classicisme sarde un style purement savoyard ?

Entre 1820 et 1860, un nouveau style architectural apparaît dans les églises savoyardes mais aussi dans l’architecture civile. Il s’agit du néoclassicisme dit « Sarde ». Le nom de ce courant est impropre. En effet, le mot Sarde renvoi au régime qui gouverne à cette période le territoire comprenant la Savoie, le Piémont, la Vallée d’Aoste, le comté de Nice et la Sardaigne. Ce style architectural, qui vient détrôner le style baroque, est plutôt influencé en Haute-Savoie par des artisans et artistes piémontais et plus précisément originaire du Valsesia.

Ces bâtiments sont construits sur les mêmes codes architecturaux malgré une diversité entre chacun. La principale caractéristique de ces constructions civiles ou religieuses est leur façade. Elle s’inspire de la période antique avec un fronton encadré par des colonnes et des pilastres à chapiteaux.

À gauche : église de Viuz-en-Sallaz, à droite, église de Ville-en-Sallaz

Un grand nombre de clochers de ces nouvelles églises sont à bulbe. Contrairement à une idée répandue, ce type de clocher n’est pas spécifique du baroque sur notre territoire. Le clocher peut aussi être composé d’une flèche ou d’une coupole.

Sur le territoire des Quatre Rivières, on recense plusieurs églises néo-classiques (Faucigny, La Tour, Marcellaz, Ville-en-Sallaz et Viuz-en-Sallaz) dont certaines avec des clochers à bulbe (La Tour,  Ville-en-Sallaz).

Ce style s’exprime aussi au travers de ses décors, peintures et fresques intérieures ainsi qu’avec la réintroduction des vitraux abandonnés dans le style baroque. Les scènes représentées mêlent symboles, figures de saints et scènes religieuses. Les éléments de composition sont stables et basés sur des lignes ou des formes géométriques et des compositions en bandes. Le trompe l’œil est largement utilisé pour ses réalisations. Les vitraux, quant à eux, utilisent la technique du verre peint.

À gauche : église de Faucigny, à droite, église de La Tour

L'église de Viuz-en-sallaz au fil des siècles

Les vestiges de la première église de Viuz-en-Sallaz dateraient du XIIe siècle. Elle était composée d’un chœur carré vraisemblablement et d’une nef unique. Ces éléments sont en relation avec la base du clocher actuel. Entre le XIVe et le XVe siècle, deux chapelles ont été ajoutées en avant du chœur. D’autres modifications, notamment du chœur, interviendront en 1719. En 1832, l’architecte Ruphy sera l’artisan de la transformation de l’édifice en l’église néo-classique sarde actuelle. La décoration intérieure est en grande partie l’œuvre d’artisans valsesiens. En 1987, une fouille de l’église, limitée à la première travée et à la troisième travée devant le chœur, a été entreprise par le service départemental d’archéologie. Un trésor du Moyen Âge d’environ 120 pièces de monnaie, datées entre le XIIe et le XIVe siècle, a été mis au jour. Ces pièces sont conservées au dépôt de fouilles départemental. L’existence d’un niveau d’occupation romaine a été découvert mais il n’y a pas de structure d’habitat. Les archéologues ont aussi trouvé un bâtiment (angle de mur maçonné) dont les fonctions et les datations sont inconnues.

Antique, vous avez dit antique ?

Sous l’église de Ville-en-Sallaz, dédiée à Saint Pancrace et Saint Sébastien, repose une autre église plus ancienne. D’après les découvertes faites lors de l’installation du plancher chauffant, elle aurait été construite sur un ancien site romain.

Vitraux de l’église de Ville-en-Sallaz. À gauche : vitrail représentant Saint Sébastien, à droite : vitrail représentant Saint Pancrace

La chapelle Notre Dame à Mégevette

La chapelle Notre Dame située dans l’église de Mégevette est mentionnée dès le XVIe siècle. Structurée d’une croisée d’ogives, son plafond était décoré d’étoiles noires et ocre. Une fresque datée du 17e siècle représentant la Vierge et l’enfant Jésus ornait la chapelle. Ces décors ne sont malheureusement plus visibles aujourd’hui. En 1765, elle prend le nom de « Chapelle Notre Dame des Anges ». L’église, trop petite et vétuste, est reconstruite entre 1872 et 1880 dans un style qui mêle le pseudo-roman et la renaissance italienne. Composée d’une triple nef, elle est surmontée d´un clocher à bulbe. Lors de ces travaux, le passage d’accès à la chapelle est muré. Celle-ci est en partie remblayée, seule la partie supérieure est laissée libre. 

L’église de Mégevette

Crédits photos : PAYSALP

Rédaction du texte : PAYSALP.

Texte issu de l’exposition “Enquête archéo dans les 4 rivières” conçue par PAYSALP