Objets du mois : Les reliquaires de peillonnex


objets du mois : Les reliquaires

La religion catholique donne une place importante aux reliques, l’origine du mot lui-même (du latin reliquiae, restes) est très clair. Il s‘agit des restes d’une personne honorée, éléments provenant du corps, éléments lui ayant appartenu ou encore des éléments de son supplice. Pour le culte des saints, on parle alors de culte de dulie et non d’adoration réservée à Dieu. Ce culte fait écho aux premiers siècles où l’on célébrait la messe sur les tombeaux des premiers martyrs.   

Les reliquaires de peillonnex

Toutes les églises du coin renferment leur lot de reliques, qu’il s’agisse de la relique enchâssée dans la pierre d’autel ou celles gardées précieusement dans les reliquaires, leurs écrins constituent bien souvent le trésor de l’église, avec les calices et autres objets de culte.

Peillonnex ne déroge pas à la règle, la statue reliquaire en argent de Notre Dame Peillonnex en étant la star, mais il en existe d’autres aujourd’hui disparues ou méconnues.

L’Abbé GAVARD fait référence à des reliques très anciennes, peut-être de saint Véran et de saint André, ayant chacun, initialement leur chapelle dans l’église prieurale, mais lorsqu’il écrit la monographie de Peillonnex, celles-ci ont déjà disparu depuis longtemps.

Le Prieuré semble aussi avoir été en possession d’une « Clé » dite de saint Guérin, ce saint « local » se rencontre fréquemment dans nos vallées de montagne étant le saint protecteur des troupeaux.

Il existe en effet un saint pour chaque mal, « le bétail est souvent, en, effet, leur principale richesse. Quand il est malade, nos paysans se hâtent d’implorer le bon Saint ».

M. Gonthier, nous dit qu’à Saint-Jean d’Aulps « On appelle clef de saint Guérin un étui en forme de clef, où sont renfermés les deux crochets soit fermoirs qui liaient l’une à l’autre les extrémités du cilice trouvé sur le saint le jour de sa mort ».

À Peillonnex il s’agit d’une sorte de clou d’environ 25 cm, à la tête garnie de deux arêtes, Mgr REY, va d’ailleurs en interdire l’utilisation au curé en 1835.

Il existe également deux reliquaires de style renaissance d’après Gavard. Ils semblent être du XVIIe siècle, toujours selon lui. Ces châsses refermaient des reliques, mais, ayant subit les affres du temps et « les authentiques » ayant été perdus, on adjoint de nouvelles reliques, cette fois-ci reconnues.

On discerne dans le premier saint Valentin, légion de Thèbes, sainte Chantal, saint Restitut etc., dans le deuxième, saint François de Sales, Notre-Dame de Lorette etc. Les châsses furent restaurées par les Frères Gilardi d’Annecy, vers 1880.

Néanmoins, les anciennes reliques furent conservées dans les reliquaires dans des petits sacs de soie que l’on voit encore aujourd’hui.

De nombreuses reliques

La multiplication des reliques est monnaie courante et pose problème, Calvin dans son « traité des reliques » argumente en ce sens, « Il faut préférer la parole du Christ à ses chemises ».

Il se moque du culte des reliques « Tant y a (lait de la vierge) que si la sainte Vierge eût été une vache et qu’elle eût été nourrice toute sa vie, à grand’peine en eût-elle pu rendre telle quantité »

Il répertorie, à son époque, pas moins de 14 clous issus de la passion du Christ.

Erasme dénonce cette pratique et attire l’attention sur « le nombre de bâtiments que l’on aurait pu construire avec toutes les reliques du bois de la croix du Christ ».

Des reliques privées

Ces reliquaires se retrouvent également dans la sphère familiale, sous forme de cadre, comme celui conservé au Musée PAYSAN de Viuz ou encore en « format de poche » comme celui-ci provenant d’une collection privée de sainte Marguerite-Marie Alacoque (rien à voir avec les œufs), dont les décors sont faits de paperolles, petites bandes de papier enroulées sur elles-mêmes et disposées en décors floraux.

« Il devrait être entendu une fois pour toutes parmi les fidèles que toutes les reliques sont authentiques, qu’il suffit en tout cas qu’on ait prié devant elles pour qu’elles le deviennent »

Les pensées d’André FROSSARD.

Bibliographie :

« Le Prieuré, la paroisse, la commune »-A. Gavard-J.Niérat-Annecy-1901.

« Vie de Saint Guerin-Evêque de Sion »-l’abbé J-F Gonthier-Imprimerie Abry-Annecy-1896.

« Traité des reliques »-I Calvin-Genève-M.D. XCIX

« Théo-L’encyclopédie catholique pour tous »-LA VIE – Droguet & Ardant -Fayard.

Merci à la paroisse de Peillonnex.